Andalousie sur Léman
juillet 18, 2023 7:09, de Isolda Agazzi
La Cueva flamenca était à l’honneur des Aubes musicales ce matin, un festival qui se tient pendant un mois aux Bains des Pâquis de Genève. Un réveil au son de la musique et danse flamenca, venues secouer le calme du Léman dans une rencontre des cultures dont la ville – monde a le secret
Punta tacon, punta tacon. Il est 6 heures, le rythme endiablé du flamenco accompagne le lever du soleil sur la rade de Genève. Naomi Guerrero et Maud la Manuela, deux danseuses de La Cueva flamenca, une troupe locale réputée, voltigent dans des robes à volants rouge et noire, en tapant du pied sur une petite planche en bois. En ce deuxième jour des Aubes musicales, le rendez-vous incontournable des mélomanes et simples badauds qui échouent au lever du jour aux Bains des Pâquis, Juan Manuel Cortez accompagne la petite troupe au son du cajon. « Vive la Suisse, vraiment ! Cela n’arrive pas tous les jours… Terrible dilemme que de savoir s’il fallait se coucher ou pas, à vous de deviner », lance le palmero, toujours en verve, à un public conquis.
Quelques cygnes dansent sur le lac. Des baigneurs montent sur une planche en bois pour ne perdre aucune note. Trois adeptes d’aviron posent les rames et se laissent bercer par le calme des lieux, rompu à l’improviste par le pathos et le drame du flamenco. « Que Dieu la pardonne ! » « Je vais chercher du bois dans la vallée », Alberto Garcia, venu tout droit d’Andalousie, la terre natale de cette danse gitane, entonne des chants aux textes simples, inspirés par la vie rude dans cette terre bouillonnante, à des années-lumière du calme du lac suisse. Dans un air à écorcher les tripes, il lance une solea, l’un des palo flamenco les plus poignants, accompagné par la guitare de Dani el Rubio, virtuose genevois.
Olé ! lance le public, visiblement subjugué. Des spectateurs nombreux, attentifs, qui se sont levés bien avant l’aube pour ne rater aucune minute de ce réveil festif, à moins qu’ils n’aient fait nuit blanche et attendent d’aller se coucher. C’est la magie de Genève, croisée des cultures par excellence, ville-monde qui vibre au son des danses et musiques d’ici et d’ailleurs pendant tout l’été et où l’on peut passer d’un spectacle à l’autre du matin au soir sans débourser un centime.
Le châle de la danseuse tournoie furieusement, comme pour saluer le soleil qui s’est hissé au-dessus de la montagne bordant le Léman. Il dévisage le petit phare blanc au bout de la jetée, que des nageurs habitués contournent de bon matin, été comme hiver. Une furieuse subida, succession de pas de plus en plus rapides, accompagne une alegria enjouée, qui dégage toute l’énergie, la puissance et la majesté du flamenco. Bien que souvent grave, voire triste, celui-ci compte aussi des chants gais et des mélodies inspirées d’autres contrées, comme la guajira, venue de Cuba, ou le tango, qui a peu à voir cependant avec son homonyme argentin.
Il est 7 heures, le soleil est haut dans le ciel. Le public réclame une dernière danse et la petite troupe entame une buleria de fin de fiesta. « Maintenant c’est vraiment l’heure de boire une bière, manger une fondue et aller se coucher, merci Genève ! » plaisante Juan Manuel Cortez, pourtant habitué des déplacements depuis le sud de la France, mais visiblement toujours aussi enchanté par l’accueil chaleureux des Genevois. Il ne plaisantais pas, c’est la tradition.
Interview Buskers Morges août 2022
Avec Daniel Renzi “El Rubio”, Naomi Guerrero et Rebeca Castilla
Dans cet épisode, un trio partage sa passion pour le flamenco. Ces trois artistes font partie d’un collectif basé à Genève.
Un musicien et deux danseuses expliquent comment ils vivent et partagent sur scène l’alchimie du langage du corps porté par celui du chant accompagné à la guitare.
Il est question d’un répertoire, de ses codes hérités d’une culture, mais aussi de liberté dans l’interprétation.
Enregistrement le 19 août 2022 à Morges
Diffusion sur Radio Festnoz, Suisse
Tribune de Genève, Fête de la danse, 2021
Le corps s’affranchit du confinement. Enfin!
Un air de libération a soufflé sur Genève ce week-end. Partout spectacles, performances et danse pour tous ont tiré les habitants de leur léthargie.
L’âme de La Cueva Flamenca
Vanesa Dacuña Rodriguez 29/11/2017 58 Vues
Vous rêvez de contrées ensoleillées et de musiques entraînantes? Le vendredi 1er décembre, poussez la porte de la Galerie Aux Portes de la Champagne! Le trio de La Cueva Flamenca vous attend, pour vous faire découvrir les subtilités du flamenco…
Voilà deux ans que l’ancienne mairie de Bernex abrite les Amuse-Bouches. Ces rendez-vous sont des bulles musicales, poétiques ou théâtrales, qui permettent d’échapper à l’agitation quotidienne. Le principe? Chaque spectacle débute à 19 h 30… mais est précédé d’un apéritif convivial et offert, pour se «mettre en bouche» avant de passer aux choses sérieuses. L’entrée est libre, mais les réservations obligatoires. Public, amis, familles, curieux: tout le monde se retrouve autour d’un verre, jusqu’à ce que… chut! La lumière se baisse et le spectacle commence. Les Amuse-Bouches ont accueilli chanteurs, musiciens, comédiens ou artistes en tous genres, dans une programmation éclectique. Le vendredi 1er décembre, ce sera le tour de trois artistes de La Cueva Flamenca: Dani el Rubio (guitare), Maud la Manuela (danse) et Andres Gil (chant).
Cap sur le flamenco! Association à but non lucratif, La Cueva Flamenca a pour objectif la promotion de la culture du flamenco en Suisse. Dans le cadre des Amuse-Bouches, deux artistes de La Cueva (Dani el Rubio et Maud la Manuela) s’associent avec le chanteur Andres Gil. C’est en 2001 que Dani débute la guitare flamenca, après avoir tâté divers styles (blues, pop brésilienne, rock). Afin de perfectionner son apprentissage, il se rend en Andalousie, à Séville et Jerez de la Frontera, et acquiert les codes essentiels du flamenco, sur lesquels se base la communication entre danseur, guitariste et chanteur. Aujourd’hui, Dani partage son temps entre plusieurs groupes (dont la formation tsigane Amnesia Memor), des cours et des stages. Entre modernité et tradition, il aborde le flamenco sous des angles toujours étonnants. De son côté, Maud la Manuela découvre cet univers à 16 ans, après avoir suivi une formation en danse classique et contemporaine… mais aussi en solfège, piano et accordéon! Après s’être formée entre la Suisse et l’Andalousie, elle se produit aujourd’hui sur plusieurs scènes. En 2007, elle participe notamment à La Flûte enchantée, mise en scène par Omar Porras au Grand-Théâtre. À travers le respect de la tradition flamenca, Maud recherche l’expression artistique et transmet sa passion à de nombreux élèves. Plongez dans le flamenco, le 1er décembre à Bernex!
Magali Bossi
Tribune de Genève, 30 septembre 2011, “Plongée dans le cercle du flamenco”
Fabrice Gottraux
A l’Alhambra, la compagnie genevoise La Cueva Flamenca utilise la vidéo pour pénétrer l’intimité des danseurs autant que des musiciens
Un spectacle de flamenco, on l’imagine toujours comme suit: les danseurs sont à l’avant-scène, captant toute l’attention du public, tandis que les musiciens sont relégués à l’arrière-plan sur une ligne. Existe-t-il d’autres manières de montrer le flamenco? Oui. Celle-ci par exemple, défendue par la compagnie La Cueva Flamenca vendredi et samedi à l’Alhambra, qui ose franchement la confrontation entre tradition et technique de pointe.
Pour capter ce que d’ordinaire la scène ne peut pas montrer, cette jeune compagnie créée à Genève en 2007 a opté pour l’usage de la vidéo. Une caméra en plongée capte d’en haut les mouvements des danseurs, mais aussi des chanteurs, guitaristes et percussionnistes lorsqu’ils se retrouvent tous en cercle. A ce moment crucial où, justement, la substance du flamenco échappe aux regards extérieurs. Le public est invité à pénétrer dans ce cercle via un écran géant installé derrière la scène.
L’idée, novatrice, permet de renouer avec une forme ancienne du flamenco. Naomi Krieger, l’une des quatre danseuses et co-fondatrice de la compagnie, explique cette démarche: “A l’origine, le flamenco, danse et musique confondus, se pratiquait en cercle. En privé, dans l’intimité familiale. La pratique s’est perdue progressivement lorsque le flamenco est entré dans le monde du spectacle, dès l’apparition des cafés cantante à la fin du XIXe siècle.”
Aujourd’hui, on ne danse en cercle que pour de rares occasions rituelles, mariages ou baptêmes. Avec El Círculo de La Cueva Flamenca, en somme, la boucle est bouclée: le cœur du flamenco, le cercle, devient à son tour un spectacle.
“El Círculo”, spectacle de la compagnie genevoise La Cueva Flamenca (ici, Naomi Krieger), utilise une caméra en plongée pour entrer dans l’intimité du flamenco en cercle.
Le Courrier, 28 septembre 2011, “Au cœur du flamenco”
Spectacle à l’Alhambra (GE)
Très actif dans la promotion du flamenco à Genève par le biais d’ateliers et de spectacles, le collectif La Cueva Flamenca dévoile vendredi et samedi sa première création dans le cadre idéal de l’Alhambra. El Círculo, “le cercle”, est la configuration traditionnelle où se jouent tous les échanges. Mais le spectacle embrasse le flamenco sous sa forme contemporaine avec une scénographie qui mêle les pointures internationales (Melchor Campos, chant, Juan Manuel Cortés, percussions, Manuel Castan, guitare) au noyau de La Cueva Flamenca composé du guitariste Dani el rubio et des danseuses Melissa Salcedo, Naomi et Octavia de la Vega.
Espace 2, émission Dare Dare, vendredi 30 septembre 2011, “El Círculo, flamenco à l’Alhambra!”
Live avec Melchor Campos (chant), Juan Manuel Cortés (percussions, jaleos), Dani el rubio (guitare)
Interview avec Naomi Krieger et Octavia de la Vega